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nière. Bonjour, madame Pipchin, je voudrais de tout mon cœur pouvoir vous complimenter de votre air aimable et gracieux.

— Voulez-vous filer ? » dit Mme Pipchin en frappant du pied. La cuisinière s’éloigne d’un air de dignité bien fait pour exaspérer Mme Pipchin. Bientôt elle est rejointe en bas par le reste de la confédération.

M. Towlinson dit alors que, premièrement, il propose de faire une petite collation, et qu’ensuite il serait bien aise d’émettre un avis sur les mesures à prendre dans la position où ils se trouvent. Quand la petite collation a été apportée et que chacun en a pris sa part de bon cœur, M. Towlinson leur dit : « Voilà déjà la cuisinière qui s’en va, et si nous ne nous soutenons pas fidèlement les uns les autres, soyez sûrs que personne ne nous soutiendra ; nous avons tous habité longtemps cette maison, nous avons fait tout notre possible pour y vivre dans la meilleure intelligence. »

À ces mots, la cuisinière dit avec émotion :

« Écoutez, écoutez ! »

Et Mme Perch qui est revenue là, qui a encore la bouche pleine, verse des larmes d’attendrissement.

M. Towlinson reprend qu’à son avis, dans les circonstances présentes, le sentiment de chacun doit être : si l’un s’en va, que tout le monde s’en aille.

La bonne est émue de ce sentiment généreux et l’approuve chaudement : la cuisinière dit qu’elle croit la chose juste : elle espère seulement que ce n’est pas pour lui être agréable, mais pour remplir un devoir que l’on se décide à ce parti. M. Towlinson répond que c’est un devoir, et que, puisqu’on l’engage à émettre son opinion, il dira franchement que ce ne serait pas se respecter que de rester pour sa nourriture, dans une maison où l’on va faire des ventes, etc., etc. La bonne est tout à fait de cet avis et raconte à l’appui qu’un drôle de corps, avec une casquette de moquette, a voulu le matin même l’embrasser sur l’escalier. Là-dessus M. Towlinson fait un bond sur sa chaise ; il veut poursuivre et écraser l’insolent ; mais les dames le retiennent, le supplient de se calmer et de songer qu’il est plus facile et plus sage de quitter une bonne fois le théâtre de pareilles indécences. Mme Perch présente la chose sous un nouveau jour : elle fait voir que, par délicatesse pour M. Dombey, enfermé dans sa chambre, il faut absolument opérer une prompte retraite.