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Et le jeune couple, qu’est-ce qu’il dit, en sortant de l’église ?

« Cher Walter, merci ! Maintenant je puis partir heureuse.

— Et quand nous serons de retour, Florence, nous viendrons revoir la tombe du pauvre enfant. »

Florence lève sur son bon visage ses yeux tout brillants de larmes, et rapproche sa main libre de son autre petite main passée au bras du jeune homme.

« Il est de bonne heure, Walter, et les rues sont encore presque désertes. Promenons-nous un peu.

— Mais vous allez vous fatiguer, mon amour.

— Oh ! non. C’était bon pour la première fois que nous nous sommes promenés ensemble ; ce jour-là j’étais bien fatiguée, mais je ne le serai pas aujourd’hui. »

Et voilà Florence et Walter, qui, le matin même de leur mariage, se promènent comme si de rien n’était, bras dessus, bras dessous ; elle, aussi innocente et aussi aimante ; lui, aussi franc, aussi plein d’espérance, seulement un peu plus fier d’elle encore qu’autrefois.

Le jour de cette promenade qu’ils avaient faite, enfants tous deux, ils n’étaient pas si loin du monde qui les environnait que ce jour-là. Les petits pieds de Florence n’avaient pas suivi ce jour-là une route aussi enchantée que celle qu’elle suivait alors. Quand on est enfant, on peut bien des fois donner sa confiance et son amour et en varier l’objet, mais le cœur de Florence, devenue femme, ne pouvait se donner qu’une fois tout entier, et, devant l’abandon ou le changement, ce cœur n’aurait plus eu désormais qu’à souffrir et à mourir.

Ils prirent les rues les plus paisibles et n’approchèrent pas de celle où se trouvait son ancienne demeure. C’était une matinée d’été, belle et chaude, et le soleil brillait sur eux pendant qu’ils avançaient au milieu de ce brouillard qui enveloppe la Cité. Les richesses s’étalent dans les boutiques ; les bijoux, l’or, l’argent brillent aux devantures resplendissantes des orfèvres, et les hautes maisons jettent leur ombre majestueuse et protectrice sur le jeune couple qui passe ; mais ils s’en vont, à travers la lumière, à travers l’ombre, comme deux amoureux, sans rien voir autour d’eux. Ils n’ambitionnent pas d’autres trésors, ils ne souhaitent pas de plus riches palais que ceux qu’ils ont trouvés l’un dans l’autre.

Peu à peu ils avancent dans des rues plus sombres, plus étroites : là le soleil, tantôt jaune, tantôt rougeâtre, ne se