Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 3.djvu/298

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rale. M. Toots se coucha, et rêva avec bonheur à Florence, qui avait pensé à lui, comme à son ami, la dernière soirée de sa vie de jeune fille, et qui lui avait envoyé l’assurance de son affection.



CHAPITRE XIX.

Un autre mariage.


M. Sownds le bedeau et Mme Miff la loueuse de chaise sont de bonne heure à leur poste dans la belle église où M. Dombey s’est marié. Un vieux gentleman indien, au teint cuivré, va épouser une jeune femme ce matin-là, et l’on attend six voitures pleines de monde. Mme Miff a appris que le vieux gentleman au teint cuivré pouvait paver de diamants le chemin de l’église sans s’apercevoir qu’il en eût perdu. La bénédiction nuptiale doit être magnifique, car elle sera donnée par un révérend, un doyen. Quant à la mariée, elle sera peut-être remise officiellement, comme un présent inappréciable, par un personnage qui vient tout exprès de chez les Horse-Guards.

Mme Miff est moins endurante ce matin-là que jamais avec les pauvres gens, quoiqu’elle ait en tout temps des opinions arrêtées à leur égard, et qui ne sont pas favorables à leurs prétentions du droit aux chaises, gratis. Mme Miff n’est pas versée dans la science de l’économie politique qu’elle soupçonne de procéder des dissidents, anabaptistes, wesleyens, ou quelque chose comme ça. Mais elle ne comprend pas pourquoi les gens du peuple se marient.

« Le diable les enlève, dit Mme Miff, on leur fait la même cérémonie, les mêmes lectures et le reste qu’aux gens riches et au lieu de pièces d’or, on ne reçoit que des pièces de dix sous ! »

M. Sownds le bedeau est plus généreux que Mme Miff ; mais il n’est pas loueur de chaises.

« Il faut que cela soit, madame. Nous devons les marier. Il faut bien que nous ayons des enfants dans nos écoles et des soldats dans nos armées. Il faut les marier, madame, dit M. Sownds, dans l’intérêt de la prospérité du pays. »

M. Sownds est assis sur les marches, et Mme Miff époussète