Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 3.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

où, pour la dernière fois, on devait faire dans l’église les publications dont avait parlé le capitaine, M. Toots dévoila ainsi ses pensées à Suzanne Nipper :

« Suzanne, dit M. Toots, je suis invinciblement attiré vers l’édifice ! Les paroles qui me séparent à jamais de miss Dombey frapperont mon oreille comme le glas funèbre de la mort ; mais, ma parole d’honneur, il me semble qu’il faut que je les entende ! Ainsi donc, dit M. Toots, voudrez-vous m’accompagner demain au temple saint ? »

Miss Nipper lui dit qu’elle était prête à l’accompagner, si ce pouvait être une satisfaction pour lui, mais elle chercha pourtant à lui faire abandonner cette idée.

« Suzanne, répondit M. Toots, de l’air le plus solennel, mes favoris étaient encore invisibles pour tout autre que moi, que j’adorais déjà miss Dombey. Je gémissais encore, malheureuse victime, sous le joug des Blimber, que j’adorais déjà miss Dombey. Quand le temps fut venu où l’on ne pouvait plus légalement me garder ma fortune, et que… que j’entrai conséquemment en possession de mes biens… j’adorais miss Dombey. Les publications qui la livrent au lieutenant Walters et qui me livrent, moi, à… à la mélancolie, vous savez, dit M. Toots qui avait cherché une expression énergique, ces publications, dis-je, doivent-être d’un effet terrible ; elles seront terribles pour moi, mais il me semble que j’ai besoin de les entendre. Il me semble que j’ai besoin de me convaincre qu’il y a désormais un gouffre entre elle et moi, que je n’ai plus une lueur d’espérance ou une… bref, ou une jambe pour me soutenir. »

Suzanne Nipper ne put que s’apitoyer sur l’état désespéré de M. Toots, et elle consentit à l’accompagner : ce qu’elle fit le lendemain matin.

L’église que Walter avait choisie pour son mariage était une vieille église humide, située au fond d’une cour. Elle était enveloppée d’un labyrinthe de petites rues et de passages autour de son petit cimetière ; elle se trouvait elle-même comme enterrée dans une espèce de voûte formée par les maisons voisines et pavée de pierres retentissantes. C’était un grand édifice sombre et en ruine, et chaque dimanche une vingtaine de personnes environ venaient se perdre au milieu de ses grands vieux bancs de chêne. La voix du prêtre retentissait tristement sous ses voûtes désertes, et quand l’orgue grondait et roulait là-dessous, on aurait cru que l’église avait la colique, faute de fidèles pour échauffer l’air et assainir l’humidité. Mais cette