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que par erreur, je me permettrai d’aller et de venir ici le soir, pendant le peu de temps qu’il nous reste à passer ensemble. Mais voici ce que je voulais vous demander. Si, dans certains moments, je ne crois pas pouvoir supporter la vue du bonheur du lieutenant Walters, et que je m’élance dehors, j’espère, capitaine Gills, que vous et lui vous attribuerez ma conduite, à mon malheur et non à un manque de procédés, et que vous y verrez seulement l’effet d’une lutte intérieure. J’espère que vous serez convaincu que je n’en veux à personne, et moins au lieutenant Walters qu’à tout autre. Vous n’aurez qu’à vous figurer que je suis sorti tout bonnement pour faire un petit tour ou pour aller regarder l’heure à la Bourse. Capitaine Gills, si vous pouvez faire avec moi cette convention et l’accepter pour le lieutenant Walters, ce sera pour moi une consolation si grande, que je ne croirai pas la payer trop cher d’une portion de ma fortune.

— Mon garçon, répondit le capitaine, pas un mot de plus. Vous ne ferez pas un signal en mer que nous n’y répondions, Walters et moi, aussitôt après l’avoir aperçu.

— Capitaine Gills, dit M. Toots, mon cœur est bien soulagé. Je désire conserver ici la bonne opinion qu’on a de moi. J’ai… j’ai de bons sentiments, ma parole d’honneur, bien que je les exprime mal. Vous savez, dit M. Toots, c’est absolument comme si Burgess et Cie. voulaient faire plaisir à une pratique en cherchant à lui procurer un pantalon d’une coupe admirable, sans pouvoir lui en tailler le patron à leur fantaisie. »

Avec cette comparaison dont M. Toots, par parenthèse, semblait assez satisfait, il salua le capitaine Cuttle et se retira.

L’honnête capitaine, avec Florence sous son toit et Suzanne pour la servir, était l’homme le plus heureux de la terre. À mesure que les jours s’écoulaient, il devenait plus rayonnant de bonheur. Il eut avec Suzanne plusieurs conférences ; car il avait pour la sagesse de la jeune fille un profond respect, et ne pouvait oublier son courage en face de Mme Mac-Stinger. D’après son avis, il proposa à Florence de licencier, par prudence et pour des considérations particulières, la fille de la vieille femme qui était ordinairement assise sous un parapluie bleu dans Leadenhall-Market, et de faire faire les travaux domestiques dont elle était chargée momentanément par une personne connue en qui on pût avoir confiance. Suzanne, en