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je vous remercie beaucoup. Si je ne conçois pas, en général, aussi vivement que mes amis le désireraient, et que je le désirerais peut-être moi-même, ma parole d’honneur, cela ne m’empêche pas de sentir, comme je le dois, un bon procédé. Il me semble même, dit M. Toots, d’un ton vraiment pathétique, que je serais capable, en ce moment, de vous exprimer mes sentiments dans un langage passionné, si… si… si… je pouvais seulement prendre mon élan. »

Comme il ne pouvait prendre son élan, après une minute ou deux, M. Toots se hâta de prendre congé et descendit en bas pour chercher le capitaine, qu’il trouva dans la boutique.

« Capitaine Gills, dit M. Toots, ce que j’ai à vous dire en ce moment, doit être gardé sous le sceau du secret. C’est la conséquence de ce qui s’est passé entre moi et miss Dombey là-haut.

— Haut et bas, hein, mon garçon ? murmura le capitaine.

— C’est tout à fait cela, capitaine Gills, dit M. Toots, qui se hâta avec d’autant plus de ferveur d’accueillir cette plaisanterie maritime, qu’il ne comprenait absolument rien aux paroles du capitaine. Miss Dombey est, je crois, capitaine Gills sur le point d’être unie au lieutenant Walters ?

— Mais oui, mon garçon. Nous sommes tous ici compagnons d’équipage… Walter et Délices du cœur seront unis dans la maison de servitude aussitôt que les bans seront publiés, murmura le capitaine Cuttle à son oreille.

— Les bans, capitaine Gills ! répéta M. Toots.

— Dans l’église, là-bas, dit le capitaine, et son pouce indiqua par-dessus son épaule la direction de l’église.

— Ah ! oui ! répondit M. Toots.

— Et puis, dit le capitaine, qui cherchait à parler bas de sa grosse voix, et qui, du revers de sa main, donna un coup sur le ventre de M. Toots, en reculant d’un pas avec un regard de bonheur indicible ; et puis, qu’arrive-t-il après ? C’est que cette douce créature, aussi délicate qu’un petit oiseau-mouche, part sur la mer mugissante avec Walter pour aller en Chine.

— Grand Dieu ! capitaine Gills ! s’écria M. Toots.

— Oui-da ! dit le capitaine en branlant la tête ; le vaisseau qui l’a pris à bord après son naufrage dans la tempête qui l’avait écarté tout à fait de son chemin, était un vaisseau marchand faisant le commerce avec la Chine. Walter a fait le voyage, s’est fait aimer à bord comme à terre, car c’est bien le garçon le plus drôle et le meilleur que l’on ait jamais vu dans