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moment de se livrer à des guerres intestines. Des événements récents, auxquels il est inutile de faire autrement allusion, mais dont il a été dit quelques mots dans certains journaux du dimanche et dans un journal quotidien que je ne nommerai pas ici (tous les autres membres de la société le nomment à voix basse, au milieu d’un murmure général), ces événements, dis-je, m’ont fait réfléchir mûrement. Il me semble que, dans un tel moment, une querelle personnelle avec Robinson serait un attentat contre les sentiments généreux dont j’espère que tous les employés de la maison ont toujours été animés pour la cause générale. »

Robinson répond à ce discours en homme de cœur, en bon frère. Puis un employé qui, depuis trois ans, est resté dans le bureau, mais toujours à la veille d’être remercié pour ses fautes de calcul continuelles, se montre tout à coup sous un jour nouveau.

« Puisse notre chef vénéré, s’écrie-t-il dans un speech saisissant, ne plus jamais voir semblable malheur tomber sur son toit ! »

À quoi il ajoute bien d’autres souhaits commençant toujours par ces mots : Puisse-t-il ne plus jamais… et, à chaque fois, c’est un tonnerre d’applaudissements. Bref, on passe une soirée charmante que vient troubler seulement une dispute entre deux employés subalternes, sur les bénéfices de M. Carker pendant les dernières années. Ils se lancent les carafes à la tête, et on les met à la porte dans un état de violente colère. Le lendemain matin, on fait, en général, au bureau, une grande consommation d’eau de seltz pour se rafraîchir, et plus d’un convive de la veille, au moment de payer la carte, la trouve par trop exagérée.

Quant à M. Perch, l’homme de peine, il va se ruiner pour toujours. Il se retrouve constamment dans les tavernes ; à force de régalades, il tombe ivre-mort sous la table. Il croit, partout et toujours, rencontrer des visages consternés par les derniers événements. « Monsieur ou madame, leur dit-il suivant le sexe, comme vous paraissez pâle. » À ces mots, l’on tremble de la tête aux pieds, et l’on se sauve en criant : « Oh ! Perch ! » Est-ce la conséquence de la triste nouvelle ? est-ce l’effet naturel produit par le liquide ? Toujours est-il que M. Perch est très-abattu à cette heure de la soirée où ordinairement il va chercher des consolations à Ball’s-Pond, dans la société de Mme Perch. La pauvre Mme Perch se tourmente