Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 3.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la conduite de ma charmante et distinguée parente, je vous demande la permission de la nommer encore ainsi ; oui, sa conduite, en se compromettant avec une personne… de fait avec une personne qui a des dents d’une blancheur éblouissante mais qui est d’un rang si inférieur à celui de son mari. Mais je dois aussi prier sérieusement mon ami Dombey, de ne pas condamner ma charmante et distinguée parente avant d’avoir vérifié sa faute d’une manière positive, tout en lui donnant l’assurance que la famille dont je suis le représentant, et qui est presque éteinte maintenant (réflexion diablement triste pour un homme), que la famille dis-je ne fera aucune opposition, et sera heureuse même de s’entendre avec lui sur les mesures qu’il désire prendre pour l’avenir et qui ne peuvent être qu’honorables. J’espère que mon ami Dombey ne doutera pas de mes intentions dans cette malheureuse affaire et… et… de fait je pense que je n’ai plus d’autre observation à faire à mon ami Dombey. »

M. Dombey salue, sans lever les yeux, et garde le silence.

« Maintenant, Dombey, dit le major, maintenant que notre ami Feenix a établi tout ce qui a rapport à la dame avec une éloquence que le vieux Joe B. n’a jamais entendu surpasser… non, morbleu, monsieur, non, jamais ! s’écria le major qui devient violet et saisit sa canne par le milieu, j’oserai au nom de notre amitié, Dombey, vous présenter la chose sous un autre jour. Monsieur, dit le major en toussant comme un cheval, le monde a des opinions qu’il faut satisfaire.

— Je le sais, répond M. Dombey.

— Sans doute vous le savez, monsieur, dit le major, sacrebleu ! monsieur, je sais parfaitement que vous le savez. Un homme de votre calibre ne peut pas ignorer de telles choses.

— Je l’espère, répond M. Dombey.

— Dombey, dit le major, vous devinez le reste. Je me prononce, trop vite peut-être, mais voyez-vous les Bagstock se sont toujours ainsi prononcés. Ils n’ont jamais gagné grand’chose à cela, monsieur, mais c’est dans leur sang. Il faut brûler la cervelle à cet homme-là. Joe B. est votre témoin ; il réclame ses droits d’ami, sacrebleu !

— Major, dit M. Dombey, je vous remercie. Je vous préviendrai quand l’heure sera venue. Mais, comme l’heure n’est pas venue, je me suis abstenu de vous parler.

— Où est-il passé, Dombey ? dit le major après avoir soufflé un moment en le regardant.