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avec cette délicatesse instinctive qui la guidait si bien, loin de faire la moindre objection, accabla M. Toots de ses remercîments ; et M. Toots, tout fier de la commission, se chargea de la mettre immédiatement à exécution.

« Mademoiselle, dit M. Toots en touchant la main qu’elle lui tendait. Adieu ! »

Il y avait dans le langage de M. Toots quelque chose qui trahissait l’angoisse d’un amour malheureux ; l’expression de désespoir était peinte sur sa physionomie.

« Permettez-moi de prendre la liberté de vous dire, mademoiselle, continua-t-il, que votre infortune me rend le plus malheureux des hommes, et qu’après le capitaine Gills, il n’y a personne en qui vous deviez avoir plus de confiance que moi. Je connais parfaitement mes imperfections, ça ne fait rien, je vous remercie ; mais je vous assure, mademoiselle que vous pouvez entièrement compter sur moi. »

Là-dessus, M. Toots sortit de la chambre toujours accompagné du capitaine. Debout à une petite distance, son chapeau sous le bras, celui-ci, qui arrangeait avec son croc les mèches de cheveux éparpillées sur son front, avait prêté la plus grande attention à tout ce qui venait de se passer. La porte se referma derrière eux, et l’étoile de M. Toots avait de nouveau disparu à ses yeux.

« Capitaine Gills, dit le jeune homme en s’arrêtant presque au bas de l’escalier et se retournant vers lui, à vous parler franchement, je ne suis pas, pour le moment, dans une disposition d’esprit qui me permette de paraître devant le lieutenant Walters. Je ne pourrais lui témoigner toute l’amitié que je voudrais ressentir pour lui. Vous savez, capitaine Gills, nous ne pouvons pas toujours commander à nos sentiments, et je considérerais comme une marque de faveur de votre part si vous vouliez bien me permettre de sortir par la porte de l’allée.

— Frère, répondit le capitaine, vous ferez route comme il vous semblera. Mais ce que je peux dire avec assurance, c’est que la route que vous prendrez, quelle qu’elle soit, sera toujours droite et digne d’un vrai marin.

— Capitaine Gills, dit M. Toots, vous êtes extrêmement bon. La bonne opinion que vous avez de moi me console. Il y a une chose que j’espère que vous voudrez bien retenir, capitaine, dit M. Toots s’arrêtant dans l’allée derrière la porte entr’ouverte, et je désire que le lieutenant Walters en soit de même informé. Je viens d’entrer tout à fait en possession de