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miss Dombey, les sachant tous sous la dépendance de son père, ne saurait s’y confier. Qu’est devenue Suzanne ?

— La jeune femme ? répondit le capitaine. Je suis sûr qu’elle a été renvoyée contre le gré des Délices du cœur. J’en ai touché un mot à la charmante quand elle est arrivée ici. Elle en faisait très-grand cas et m’a dit qu’elle était partie depuis longtemps.

— Eh bien, dit Walter, voulez-vous demander à miss Dombey où elle est allée, et nous verrons à la trouver ? Voilà la matinée qui avance, et miss Dombey va bientôt se lever ; allez voir si elle a besoin de vous là-haut, et laissez-moi prendre soin de tout le reste au rez-de-chaussée. »

Le capitaine, fort abattu, répondit par un soupir au soupir poussé par Walter et se retira. Florence était enchantée de sa nouvelle chambre, impatiente de voir Walter et charmée de l’idée de retrouver sa vieille amie Suzanne. Mais elle ne pouvait dire où était allée la mutine suivante, sinon que c’était dans le comté d’Essex. Personne ne pouvait en donner des nouvelles que M. Toots.

Le mélancolique capitaine retourna près de Walter avec ces renseignements et lui apprit que M. Toots était le jeune gentleman qu’il avait rencontré sur le seuil de la boutique. Il ajouta que c’était un de ses amis, qu’il avait une grande fortune, et qu’il adorait sans espoir miss Dombey. Le capitaine raconta aussi comment le récit de la mort supposée de Walter lui avait fait faire la connaissance de M. Toots, et comment il y avait eu un traité solennel passé entre eux, dans lequel il était convenu que M. Toots serait muet sur le sujet de son amour.

La question était de savoir si Florence pouvait se fier à M. Toots.

« Oh ! oui, dit Florence en souriant, et de tout mon cœur. »

La question importante maintenant, c’était de savoir où demeurait M. Toots. Florence ne le savait pas et le capitaine l’avait su, mais il l’avait oublié. Il était en train de dire à Walter, dans la petite salle à manger, que bien certainement M. Toots ne manquerait pas de venir bientôt, quand M. Toots parut en personne.

« Capitaine Gills, dit M. Toots s’élançant dans la salle à manger avec un certain sans-façon, je suis dans un état voisin de l’aliénation mentale. »

M. Toots avait lancé ces paroles comme une bombe avant