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— Eh ! quoi, est-ce que vous avez attendu là, camarade ? demanda le capitaine.

— Non, capitaine Gills, répondit M. Toots, je n’ai pas attendu une minute. J’ai pensé que vous étiez sorti. Mais la personne m’a dit… par parenthèse, capitaine Gills, vous n’avez pas de chien, n’est-ce pas ? »

Le capitaine secoua la tête.

« C’est justement ce que j’ai affirmé, dit M. Toots. Il y a un chien qui joue son rôle dans… Mais pardon, capitaine Gills, ça sort de notre traité. »

Le capitaine regarda si fixement M. Toots, qu’on eût dit que ses yeux avaient doublé de grosseur ; la sueur lui coulait du front à la pensée qu’il pourrait bien prendre fantaisie à Diogène de venir dans la salle à manger rompre le tête-à-tête.

« La personne me dit donc qu’elle avait entendu un chien aboyer dans la boutique, continua M. Toots ; mais je savais bien que cela ne pouvait pas être, et je le lui ai dit. Cependant elle l’affirmait comme si elle avait vu le chien.

— Mais qui donc, mon garçon ? demanda le capitaine.

— Ah ! voilà ! capitaine Gills, dit M. Toots dont les nerfs semblaient de plus en plus agacés. Ce n’est pas à moi de dire ce qui a pu arriver, ou ce qui n’est pas arrivé. Vraiment, je n’en sais rien. Je me trouve mêlé à tant de choses que je ne comprends pas, qu’il me semble que ma tête en est un peu… détraquée, ma foi ! je le crois. »

Le capitaine secoua la sienne en signe d’assentiment.

« Mais la personne me dit, pendant que nous nous éloignions ensemble, continua M. Toots, que vous saviez ce qui, dans la vie, pouvait arriver… il a appuyé fortement sur le mot pouvait… et que si on vous priait de vous préparer à quelque chose, vous vous y prépareriez, bien sûr.

— Mais qui, cette personne ? mon garçon, répéta le capitaine.

— Je n’en sais rien, vraiment, capitaine Gills, répondit M. Toots. Je n’en ai pas la moindre idée. En arrivant à la porte, je l’ai trouvée là. Ce monsieur m’a demandé si je reviendrais, je lui ai répondu que oui ; il m’a demandé si je vous connaissais, je lui ai répondu que oui, que j’avais le plaisir de vous connaître… que vous m’aviez accordé le plaisir de faire votre connaissance après quelque réflexion. Il m’a recommandé, puisque c’était comme cela, de vous dire ce que je viens de vous dire, sur la nécessité de se tenir préparé à ce qui peut