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« Je vous en prie, dit Florence, avez-vous quelques craintes pour Walter ? »

Le capitaine était si ravi d’avoir devant lui la figure de Florence, qu’il ne pouvait en détacher ses regards ; Florence, de son côté, le regardait fixement pour s’assurer de la sincérité de sa réponse.

« Non, Délices du cœur, dit le capitaine, je ne suis pas effrayé. Walter est un garçon qui bravera plus d’une tempête ; Walter est un garçon qui réussira autant qu’on peut réussir. Walter, continua le capitaine dont les yeux brillaient d’enthousiasme en faisant l’éloge de son jeune ami et dont le croc, en se levant, annonçait une magnifique citation : Walter, voyez-vous, est ce qu’on peut appeler une émanation sensible et frappante d’une puissance surnaturelle et divine ; … quand vous trouverez ce passage-là, notez-le. »

Florence, qui ne comprenait pas bien la citation que le capitaine croyait pourtant pleine de sens et de nature à lui faire honneur, le regarda avec douceur comme pour lui demander quelque réponse plus précise.

« Non, Délices du cœur, je ne suis pas effrayé, reprit le capitaine. Il y a eu d’effroyables tempêtes dans ces latitudes, il n’y a pas de doute à cela, et dame ! ils ont été ballottés et emportés peut-être jusqu’à l’autre bout du monde. Mais le vaisseau est un bon vaisseau, et le garçon qui est dessus, un bon garçon ; et il n’est pas facile, grâce à Dieu… »

À ce mot, le capitaine s’inclina légèrement.

« Il n’est pas facile de briser des cœurs de chêne, cœurs de vaisseau ou cœurs d’homme, n’importe. Ainsi, d’un côté comme de l’autre, nous sommes en bon chemin, et par conséquent je n’ai pas un brin d’inquiétude jusqu’à présent.

— Jusqu’à présent ? répéta Florence.

— Pas un brin, reprit le capitaine, portant son croc à ses lèvres comme pour envoyer un baiser à Florence ; et avant que je sois inquiet, Délices du cœur, Walter nous aura écrit de son île, de son port, ou de partout ailleurs, pour nous orienter bien et dûment son affaire. Quant au vieux Solomon Gills (ici le ton du capitaine devint solennel), je sais bien qui est-ce qui n’aura pas peur à côté de lui et ne l’abandonnera pas avant que la mort nous sépare ; et s’il vient du gros temps, que la tempête gronde, gronde, gronde, ouvrez le catéchisme, dit le capitaine entre parenthèse, et vous y trouverez ces expressions, ce serait peut-être une consolation pour Solomon Gills d’avoir