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qu’une figure qui ressemblait à celle de Walter était à ses côtés, sereine et calme, d’une immobilité effrayante. À chaque vision nouvelle, Edith lui apparaissait toujours allant et venant : tantôt elle en était heureuse, tantôt elle en était chagrine, jusqu’à ce qu’enfin elles se trouvèrent seules sur le bord d’une tombe, et Edith lui en montrant le fond, elle regarda et vit… quoi ? une autre Edith étendue dans la fosse.

Saisie de terreur, elle poussa un grand cri et s’éveilla. Une douce voix murmurait à son oreille : « Florence, chère Florence, ce n’est qu’un rêve. » Elle étendit les bras et rendit à sa nouvelle maman caresse pour caresse ; puis Edith sortit de la chambre, qu’éclairait faiblement la pâle lueur de l’aurore. Un moment, Florence se demanda si tout cela n’était qu’un rêve. Ce dont elle ne pouvait douter, c’est que le jour commençait à paraître, qu’il ne restait plus, dans la cheminée, que des cendres noircies, et qu’elle se trouvait toute seule.

C’est ainsi que se passa la première nuit du retour de l’heureux couple au logis.



CHAPITRE XV.

On pend la crémaillère.


Bien des jours se succédèrent de la même manière, si ce n’est qu’on recevait et qu’on rendait de nombreuses visites. Mme Skewton tenait, dans ses appartements, de petits levers dont le major Bagstock n’était pas le courtisan le moins assidu. Florence ne rencontra plus une seconde fois le regard de son père, quoiqu’elle le vît tous les jours. Elle ne parlait pas non plus beaucoup à sa nouvelle mère, qui était impérieuse et froide pour tout le monde dans la maison, excepté pour elle. Florence ne pouvait s’empêcher d’en faire la remarque. Bien qu’Edith l’envoyât toujours chercher quand elle revenait de faire ses visites, ou qu’elle allât elle-même la rejoindre ; bien qu’elle ne manquât jamais d’aller la trouver le soir dans sa chambre avant de se coucher, à quelque heure que ce fût, et qu’elle ne laissât jamais échapper l’occasion de se trouver avec