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pas, dit l’homme. Allons, allons, décampons ! je vous dis qu’il n’y a rien ici pour vous.

— Je n’ai besoin de rien, je vous remercie, répondit doucement Florence ; je voudrais seulement savoir où sont les bureaux de Dombey-et-fils ? »

L’homme, qui l’avait jusque-là regardée d’un air insouciant, parut surpris, et, la regardant plus attentivement, lui répondit :

« Et qu’avez-vous à faire avec Dombey-et-fils ?

— Je voudrais savoir le chemin pour y aller, s’il vous plaît ? »

L’homme la regarda encore avec plus de curiosité, et dans sa surprise il se frotta si violemment la tête par derrière qu’il en fit tomber son chapeau.

« Joseph ! dit-il en appelant un homme de peine et remettant son chapeau qu’il avait ramassé.

— Présent, répondit Joseph.

— Où est ce jeune muscadin de la maison Dombey qui a surveillé le chargement de ses marchandises ?

— Il sort par l’autre porte, dit Joseph.

— Rappelez-le un instant.

— Eh ! eh ! là-bas, cria Joseph, en courant par un petit passage, et bientôt il revint suivi d’un jeune homme à la figure réjouie.

— Vous êtes un jockey de la maison Dombey, n’est-ce pas ? dit le premier.

— Je suis employé dans la maison, monsieur Clark, répondit le jeune homme.

— Eh bien ! regardez de ce côté alors, » dit M. Clark.

Suivant l’indication de M. Clark, le jeune homme s’approcha de Florence, s’étonnant avec raison de ce qu’il pouvait avoir de commun avec elle. Mais l’enfant avait entendu tout ce qui s’était passé, et, se voyant sortie de tous les dangers de cette terrible journée, elle se sentait en outre tout à fait rassurée à la vue de l’agréable figure et des manières pleines de douceur du jeune homme ; aussi courut-elle vivement à lui ; elle en perdit une savate ; puis lui prenant les mains dans les siennes :

« Je suis perdue ! monsieur, je suis perdue !

— Perdue ! dit le jeune homme.

— Oui, je me suis perdue ce matin, bien loin d’ici, et l’on m’a ôté mes vêtements ; ce ne sont pas les miens que j’ai là ;