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« Mon cher Paul, répondit sa sœur, un homme d’une pénétration comme la vôtre ne pouvait manquer de rendre justice à miss Tox. Certes, s’il y a dans la langue anglaise trois mots capables de lui inspirer un respect qui va jusqu’à la vénération, ce sont ces trois mots : Dombey et fils.

— Je le crois, dit M. Dombey, cela lui fait honneur.

— Quant au cadeau, mon cher Paul, continua sa sœur, je puis vous assurer que l’objet donné par vous à miss Tox, quel qu’il soit, sera prisé et conservé comme une relique ; mais il y aurait une manière plus délicate et plus flatteuse de témoigner à miss Tox votre reconnaissance, si vous y consentiez, toutefois.

— Quelle est-elle ? demanda M. Dombey.

— Vous savez, reprit Mme Chick que les parrains et les marraines ont une certaine importance sous le rapport des relations et de l’influence.

— Je ne vois pas quelle importance ils peuvent avoir pour mon fils, répondit froidement M. Dombey.

— C’est vrai, mon cher Paul, dit Mme Chick avec chaleur pour réparer sa maladresse, c’est parler en Dombey. Je n’attendais rien moins de vous. Je savais bien que telle devait être votre opinion. Peut-être pourtant, et Mme Chick hésita, se sentant sur un terrain glissant, peut-être serait-ce une raison de plus pour ne pas balancer à prendre miss Tox pour marraine, ne fût-ce que comme déléguée pour remplacer quelque autre personne. Je n’ai pas besoin de vous dire, Paul, que miss Tox verrait dans cette formalité, une grande faveur, une véritable distinction.

— Louisa, dit, M. Dombey après un moment de réflexion, on ne supposera pas…

— Certainement non, se hâta de dire Mme Chick, dans la crainte d’un refus. Je n’ai jamais pensé qu’on pût rien supposer. »

M. Dombey fit un geste d’impatience.

« Mon cher Paul ne vous fâchez pas, dit sa sœur, cela me fait mal. Vous savez que je ne suis pas forte et que je suis souffrante depuis la mort de notre chère Fanny. »

M. Dombey regarda le mouchoir que sa sœur portait à ses yeux et reprit.

« On ne supposera pas, disais-je…

— Et j’ai dit, et je le répète, que je n’ai jamais pensé qu’on pût rien supposer.