Page:Dickens - Dombey et fils, 1881, tome 1.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oh ! je le sais bien, dit Walter. On en parlait aujourd’hui au magasin. On dit, ajouta-t-il plus bas, en se penchant vers son oncle et vers le capitaine, on dit qu’il ne l’aime pas, qu’il l’abandonne aux domestiques sans songer à elle, et qu’il est tellement préoccupé d’avoir son fils dans sa maison de commerce, quoiqu’il ne soit encore qu’un marmot, qu’il fait ses comptes plus exactement et qu’il tient ses livres avec plus de soin qu’auparavant. On l’a même vu, sans qu’il s’en doutât, se promener dans les docks couvant des yeux ses bâtiments, ses marchandises, tout ce qu’il possède enfin, comme s’il se réjouissait d’avance des biens qu’ils auront ensemble, lui et son fils. Voilà ce qu’on dit ; pour moi, j’ignore si c’est la vérité.

— Vous voyez, dit l’opticien, il a déjà pris ses renseignements sur la demoiselle !

— Quelle plaisanterie ! mon oncle, répondit Walter toujours rougissant et riant comme un enfant. J’ai entendu ce que l’on m’a dit et voilà tout.

— J’ai bien peur, Édouard, que l’enfant ne soit entré quelque peu dans nos vues, dit le vieux Sol, continuant de plaisanter.

— Je crois qu’il y est tout à fait, dit le capitaine.

— Néanmoins, nous boirons à sa santé, reprit Sol. Donc à la santé de Dombey et fils.

— Ah ! c’est bien mon oncle, répliqua gaiement le jeune homme, puisque vous avez parlé de la demoiselle, puisque vous avez joint mon nom au sien et que selon vous, j’en sais déjà long sur elle, je prendrai la liberté d’amender le toast : donc, à la santé de Dombey et fils, et… fille !



CHAPITRE V.

Paul grandit ; son baptême.


Le petit Paul, à l’abri de tout contact impur avec le sang des Toodle, devenait tous les jours plus grand et plus fort. Tous les jours aussi il était plus ardemment chéri de miss Tox, dont