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Le vieux Sol essuya ses lunettes et sourit à demi.

« À la bonne heure ! mon oncle, s’écria Walter gaiement et lui frappant cinq ou six fois sur l’épaule. Vous me donnez du courage, je vous en donnerai aussi ! Demain matin, nous serons gais comme des alouettes, mon oncle, et nous volerons aussi haut qu’elles. Car mon ambition, voyez-vous, a déjà pris son vol à perte de vue.

— Walter, mon cher enfant, répondit le vieillard, je ferai de mon mieux, je ferai de mon mieux.

— Et votre mieux, mon oncle, dit Walter avec son doux sourire, est le mieux des mieux que je connaisse. Mais vous n’oublierez pas non plus ce que vous avez à m’envoyer à moi, mon oncle ?

— Non, Walter, non, répondit le vieillard, tout ce que j’apprendrai de miss Dombey, maintenant qu’elle est seule, pauvre petit agneau ! je vous l’écrirai. Je crains seulement de ne pas avoir grand’chose à vous apprendre, Walter.

— Je vous dirai, mon oncle, dit Walter après un moment d’hésitation, que j’y suis allé tout à l’heure. — Ah ! ah ! murmura le vieillard en relevant ses sourcils, et avec ses sourcils ses lunettes.

— Ce n’était pas pour la voir, dit Walter, et cependant je l’aurais pu, j’en suis sûr, si je l’avais demandé, car M. Dombey n’est plus à Londres, mais je voulais dire un mot d’adieu à Suzanne. J’ai cru pouvoir me hasarder à le faire, grâce aux circonstances, et en me rappelant ma dernière rencontre.

— Oui, mon garçon, oui, répondit son oncle qui, depuis un instant, était plongé dans de profondes réflexions.

— Je l’ai donc vue, poursuivit Walter, j’entends Suzanne, et je lui ai appris que je pars demain matin. Je lui ai dit, mon oncle, que vous vous êtes toujours intéressé à miss Dombey depuis le soir où je l’ai amenée ici, que vous aviez toujours souhaité la voir en bonne santé et heureuse et que vous vous feriez toujours honneur et plaisir de lui être utile en quoi que ce soit. J’ai cru pouvoir dire cela, à cause de la circonstance ; n’êtes-vous pas de mon avis, cher oncle ?

— Oui, oui, mon garçon, répondit son oncle toujours pensif.

— Et j’ai ajouté, continua Walter, que si elle, j’entends toujours Suzanne, que si elle voulait bien, soit par son entremise ou par celle de Mme Richard, ou de toute autre personne qui pourrait venir de ce côté, vous faire savoir si miss Dombey était toujours en bonne santé et heureuse, vous lui en seriez obligé,