tirons chez les vieux Skettles, mademoiselle, mieux nous nous en trouverons toutes les deux. Je ne tiens pas à vivre dans le monde, mademoiselle Florence, mais je ne suis pas une huître, non plus. »
Il faut rendre justice à miss Nipper ; elle parlait beaucoup plutôt pour sa jeune maîtresse que pour elle-même ; on le voyait rien qu’à l’expression de ses traits.
« Mais ce visiteur, Suzanne ? » dit Florence.
Suzanne, suffoquée à la fois par son envie de rire et par son envie de pleurer, répondit dans un rire mêlé de larmes :
« C’est M. Toots ! »
Un sourire glissa sur les lèvres de Florence ; mais ses yeux, au même instant, se remplirent de larmes. Après tout, c’était toujours un sourire, et ce fut une grande satisfaction pour miss Nipper.
« C’est tout à fait comme moi, mademoiselle Florence, dit Suzanne en portant à ses yeux son tablier et secouant en même temps la tête, à peine ai-je vu cet innocent dans le vestibule, que j’ai commencé par éclater de rire et fini par sangloter. »
Suzanne Nipper, malgré elle, allait donner sur place une seconde représentation de la chose, mais au même moment M. Toots, qui avait monté les escaliers derrière elle, sans se douter de l’effet qu’il produisait, frappa à la porte pour s’annoncer, et entra vivement.
« Comment vous portez-vous, miss Dombey ? dit M. Toots. Je vais fort bien, je vous remercie ; et vous, comment allez-vous ? »
M. Toots, et c’était bien un des meilleurs cœurs qu’il y ait dans le monde, quoiqu’il s’y trouve aussi peut-être par-ci par-là des intelligences plus distinguées, M. Toots avait longtemps d’avance élaboré péniblement cette longue période dans le but de calmer le trouble de Florence et le sien en particulier. Mais voyant qu’il avait mangé son blé en herbe en prodiguant sa tirade tout entière avant de s’être assis, avant que Florence eût seulement prononcé un mot, avant d’avoir seulement passé le pas de la porte, il prit le parti de recommencer.
« Comment vous portez-vous, miss Dombey ? Je vais fort bien, je vous remercie ; et vous, comment allez-vous ? »
Florence lui tendit la main et lui dit qu’elle se portait fort bien.