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— Quatre, monsieur. Quatre garçons et une fille. Tous grouillants et bien vivants.

— Mais, vous devez avoir bien de la peine à les nourrir ! dit M. Dombey.

— Il y a une chose au monde qui me donnerait plus de peine encore.

— Laquelle ?

— De les perdre.

— Savez-vous lire ? dit M. Dombey.

— Mais, pas dans la perfection.

— Écrire ?

— Avec de la craie, monsieur ?

— Avec n’importe quoi ?

— Je pourrais, je crois, tracer quelques mots avec de la craie, s’il le fallait, répondit Toodle après avoir un peu réfléchi.

— Et pourtant, dit M. Dombey, vous devez avoir trente-deux ou trente-trois ans, il me semble ?

— Oui, environ, il me semble, dit Toodle, après mûre réflexion.

— Eh bien ! pourquoi n’apprenez-vous pas ? demanda M. Dombey ?

— Oh ! je vais apprendre, monsieur. Un de mes petits me montrera, quand il sera plus grand et qu’il aura été à l’école.

— Cela suffit, dit M. Dombey peu satisfait, après l’avoir regardé attentivement, pendant qu’il promenait ses yeux tout autour de la chambre (principalement autour du plafond), sans se lasser de passer et de repasser sa main sur sa bouche. Vous avez entendu ce que je viens de dire à votre femme ?

— Polly l’a entendu, répondit Toodle, en passant son chapeau par-dessus son épaule du côté de la porte avec un air de parfaite confiance dans sa chère moitié. Il n’en faut pas davantage. » M. Dombey avait espéré faire comprendre plus clairement encore ses intentions au mari, le supposant la forte tête de la famille ; il s’était évidemment trompé.

« Puisque vous vous reposez entièrement sur votre femme, dit-il, je crois inutile de rien ajouter ?

— C’est inutile, dit Toodle. Polly a compris, c’est une bonne tête, elle.

— Je ne vous retiendrai pas plus longtemps alors, reprit M. Dombey désappointé. Où avez-vous travaillé, jusqu’à présent ?