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solitaires, oh ! bien solitaires, pourra passer devant, tous les jours.

Le service terminé, le prêtre se retire et M. Dombey regarde tout autour de lui, demandant à voix basse si la personne qui doit prendre ses ordres pour la pierre est arrivée.

Un homme s’approche et dit : « Oui, monsieur. »

M. Dombey indique où il veut qu’elle soit placée ; il lui montre avec la main, sur le mur, quelle en doit être et la forme et la dimension, et comment elle doit se trouver au-dessous de celle de la mère, puis, avec son crayon, il écrit lui-même l’inscription et la présente à l’homme en ajoutant : « Je désire que ce soit fait immédiatement.

— On va s’y mettre aussitôt, monsieur.

— Vous voyez qu’il n’y a absolument à inscrire que le nom et l’âge ? »

L’homme s’incline, regarde le papier et paraît hésiter.

M. Dombey, sans remarquer ce mouvement, s’éloigne et se dirige vers la grande porte.

« Pardon, monsieur, et une main se pose doucement sur son manteau de deuil, mais comme vous désirez que ce soit fait immédiatement et que le papier pourrait être déjà en main, quand je reviendrai…

— Eh bien ?

— Auriez-vous la bonté de le relire une seconde fois ? Je pense qu’il y a erreur.

— À quel endroit ? »

Le marbrier lui rend son papier et lui montre du bout de son mètre les mots : cher et unique enfant.

— Il faut mettre, je pense, fils unique ?

— Oui, vous avez raison, corrigez cela. »

Le père d’un pas plus rapide s’avance vers la voiture. Quand les trois autres personnes qui l’accompagnent montent pour reprendre leurs places, son visage est pour la première fois caché, à l’ombre de son manteau, et ce jour-là on ne le revoit plus. Il descend le premier et passe aussitôt dans sa chambre. Les autres personnes, qui l’accompagnaient, c’est-à-dire M. Chick et deux des médecins, montent au salon où Mme Chick et miss Tox les reçoivent. Pendant ce temps-là, dans la chambre au-dessous, cette chambre fermée à tout le monde, il y a quelqu’un pourtant. Quelle figure fait-il ? quelles sont ses pensées ? quels sont les battements de son cœur, ses luttes, ses souffrances ? Dieu le sait.