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Florence, faites-moi voir ma vieille nourrice, je vous en prie !

— Elle n’est pas ici, mon chéri. Elle viendra demain matin.

— Merci, Florence. »

Paul ferma les yeux sur cette promesse et s’endormit. Quand il s’éveilla, le soleil était haut et la journée était chaude et belle. Il resta un moment tranquillement couché, regardant les fenêtres qui étaient ouvertes et les rideaux agités par le vent ; puis il dit :

« Florence, sommes-nous à demain ? Est-elle venue ? »

Il lui sembla que quelqu’un allait la chercher, c’était Suzanne, peut-être. Paul crut l’entendre lui dire, quand il eut refermé les yeux, qu’elle serait bientôt de retour, mais il ne les ouvrit pas pour la voir. Elle tint sa parole, si toutefois elle était sortie ; mais la première sensation qu’il éprouva fut celle d’un bruit de pas dans l’escalier qui le réveilla, tout entier de corps et d’esprit, et il s’assit droit sur son lit. Il les vit tous alors autour de lui, non plus au travers d’un brouillard comme il les voyait quelquefois dans la nuit. Rien ne troublait plus sa vue. Il les reconnut tous et les appela par leur nom.

« Et qui donc est là ? Est-ce ma vieille nourrice ? » dit l’enfant tournant sa petite figure radieuse vers un nouveau visage qui venait d’apparaître à la porte.

Oh ! oui, oui, c’était bien elle. Une autre n’aurait pas versé de telles larmes à sa vue, ne l’aurait pas appelé ainsi son cher enfant, son joli petit enfant, son pauvre enfant malade. Non, une autre femme ne se serait pas baissée ainsi sur son lit pour prendre sa main flétrie, pour la porter à ses lèvres, pour la presser sur son cœur, comme une femme qui se sent le droit de le choyer et de l’aimer. Non, une autre femme n’aurait pas ainsi oublié tous ceux qui étaient présents pour ne s’occuper que de lui et de Florence et n’aurait pas montré tant de tendresse et de douleur.

« Florence, quelle bonne et douce figure ! dit Paul. Je suis bien aise de la revoir. Ne vous en allez pas, ma vieille nourrice, restez là, près de moi ! »

Tous ses sens étaient bien éveillés, et il entendit prononcer un nom qu’il reconnut.

« Qui donc a parlé de Walter ? demanda-t-il en regardant autour de lui ; quelqu’un a prononcé le nom de Walter. Est-ce qu’il est ici ? Je serais bien content de le voir. »