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qu’il voudrait bien voir la figure de sa vieille nourrice ; et son papa et Mlle Florence espèrent que vous allez venir avec moi et avec M. Walter, Mme Richard ; que vous oublierez ce qui s’est passé et que vous ferez amitié à ce pauvre cher petit qui s’en va. Oh ! oui, madame Richard ; qui s’en va ! »

Suzanne se mit à pleurer et Polly pleura aussi de la voir et d’entendre ce qu’elle venait de dire ; et tous les enfants s’approchèrent (y compris les nouveau-nés en masse). M. Toodle qui venait d’arriver de Birmingham, et qui mangeait son dîner dans une marmite, posa son couteau et sa fourchette, mit sur sa tête le chapeau et sur son dos le châle de sa femme, qu’il décrocha derrière la porte, pour les lui présenter, puis lui donnant une tape sur l’épaule il lui dit avec plus de sensibilité dans le cœur que d’éloquence dans le discours : « Allons, Polly ! filons. »

Ils revinrent donc à la voiture longtemps avant que le cocher s’y attendît, et Walter ayant fait entrer Suzanne et Mme Richard dans l’intérieur, se plaça lui-même sur le siège, afin qu’on ne se trompât plus de route. Il les déposa toutes deux sans encombre dans le vestibule de M. Dombey où, par parenthèse, il aperçut, dans un coin, un énorme bouquet qui lui rappela celui que le capitaine avait acheté avec lui le matin. Il serait resté volontiers pour savoir quelque chose de plus sur le petit malade ; il aurait même attendu autant qu’on aurait voulu, s’il avait pu rendre le moindre service ; mais sentant avec peine qu’une telle conduite paraîtrait à M. Dombey présomptueuse et même hardie, il se retira lentement, tristement, le cœur plein d’une pénible inquiétude. Il n’y avait pas cinq minutes qu’il était sorti, quand un homme courut après lui pour le prier de revenir. Walter retourna sur ses pas le plus vite possible et entra dans la sombre demeure, avec de noirs pressentiments.