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— Où demeure-t-il maintenant ? demanda vivement Walter.

— Il habitait dans les bâtiments mêmes de la compagnie, en tournant le second coin à droite, au fond de la cour, la seconde allée à droite encore, au n° 11. Il n’y a pas à vous tromper, continua le maître ramoneur ; dans tous les cas, vous n’avez qu’à demander Toodle le chauffeur, et tout le monde vous indiquera sa demeure. »

En entendant tous ces détails si inespérés, Suzanne Nipper descendit en toute hâte de la voiture ; prit le bras de Walter, et se mit à marcher d’un pas haletant, laissant là le fiacre attendre leur retour.

« Y a-t-il longtemps que le pauvre petit est malade, Suzanne ? demanda Walter en courant.

— Il y a longtemps qu’il est souffrant, dit Suzanne, mais personne ne peut dire depuis combien de temps. »

Et elle ajouta d’un ton plein d’amertume :

« Oh ! les Blimber !

— Les Blimber ? répéta Walter.

— Ô monsieur Walter, dit Suzanne, je ne me pardonnerais pas dans un moment comme celui-ci, et quand on est tout entier à un malheur aussi affreux, non, je ne me pardonnerais pas d’en vouloir à quelqu’un, surtout à des gens dont ce cher petit Paul parle avec amitié, mais il ne m’est pas défendu de souhaiter que toute la famille fût condamnée à casser les pierres sur le chemin, pour macadamiser les routes nouvelles, miss Blimber la première, et la pioche à la main. »

Miss Nipper reprit haleine et se mit à marcher de plus belle, comme si elle se fût soulagée par cette explosion. Walter, qui pendant ce temps, n’avait pas de respiration à perdre en questions, l’accompagna sans rien dire. Bientôt, dans leur impatience, ils poussèrent une petite porte et se trouvèrent dans une salle fort propre et toute pleine d’enfants.

« Où est madame Richard ? s’écria Suzanne Nipper, en regardant autour d’elle. Ô madame Richard, madame Richard, venez avec moi, ma chère amie ?

— Eh quoi ! n’est-ce pas Suzanne ? cria la bonne mère de famille en se levant du milieu du groupe avec son honnête physionomie et au comble de la surprise.

— Oui, madame Richard, c’est moi, dit Suzanne, et je voudrais bien que ce ne fût pas moi, quoique vous puissiez trouver que ce n’est pas très-aimable de ma part de le dire ; mais le petit Paul est très-malade et il a dit à son papa aujourd’hui