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— Non, répondit le capitaine.

— Je vais donc aller faire un petit tour, dit Walter, pour ne pas vous gêner, capitaine Cuttle.

— Oui, un grand petit tour, mon garçon, » lui cria le capitaine.

Walter de la main lui fit signe que c’était son intention et il disparut.

Il n’avait pas de but de promenade déterminé, mais il pensa qu’il serait bien dans les champs ; que là il pourrait réfléchir à la vie inconnue qui s’ouvrait devant lui et méditer tranquillement à l’ombre d’un arbre. Il ne connaissait pas de champs plus agréables que ceux qui environnent Hampstead, ni de route plus directe pour s’y rendre que de passer devant la maison de M. Dombey.

Il jeta un coup d’œil sur la façade : la maison était toujours aussi triste, aussi sombre ; les jalousies étaient fermées, mais la partie supérieure des croisées était toute grande ouverte, et un vent doux, agitant les rideaux et les faisant voltiger çà et là, était le seul signe d’animation à l’extérieur. Walter marcha tout doucement en cheminant devant la maison et se sentit heureux quand il l’eût laissée d’une porte ou deux derrière lui.

Il regarda alors en arrière avec le même intérêt qu’il avait toujours ressenti pour cet endroit depuis l’aventure de l’enfant perdue, il y avait déjà bien des années, et ses regards se dirigeaient surtout vers les rideaux qui s’agitaient. Pendant qu’il regardait ainsi, une voiture s’arrêta devant la porte ; il en vit descendre un grave personnage tout vêtu de noir, avec une grosse chaîne de montre, et la porte se referma sur lui. Quand il fut un peu plus loin, Walter, en se rappelant tout ensemble et la voiture et le personnage, ne douta pas que ce ne fût un médecin. Il se demanda alors qui pouvait être malade ; mais il ne songea à tout cela qu’après avoir marché assez longtemps, distrait par d’autres pensées.

La vue de la maison lui avait surtout fait faire certaines réflexions. Il se plaisait à espérer qu’un jour viendrait peut-être où la charmante enfant, son ancienne amie, qui lui avait toujours témoigné tant de reconnaissance et tant de plaisir à le voir, pourrait intéresser son frère en sa faveur et exercer sur son avenir une influence heureuse. Il trouvait dans cette pensée un charme infini ; plutôt, en ce moment, par l’espoir que la jeune fille se souviendrait toujours de lui, qu’en vue d’un intérêt probable ; mais une autre pensée plus sérieuse venait