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que cela lui ferait grand plaisir. M. Feeder fit alors entendre à Paul qu’il lui faudrait répondre au docteur et à Mme Blimber en belle écriture anglaise que M. Paul Dombey les remerciait de leur gracieuse invitation, et qu’il serait heureux d’avoir l’honneur de se rendre chez eux. M. Feeder lui dit enfin, pour terminer, qu’il ferait bien de ne pas faire la moindre allusion à la soirée devant le docteur ni devant Mme Blimber, parce que les préparatifs et les arrangements préliminaires se faisaient d’après des principes tout à fait classiques et de bon ton, et que le docteur et Mme Blimber, d’une part, et les jeunes gens, de l’autre, étaient censés, dans leur discrétion respective, n’avoir pas la moindre idée de ce qui se préparait.

Paul remercia M. Feeder de ces instructions, et, mettant son invitation dans sa poche, il s’assit sur un tabouret auprès de M. Toots suivant son habitude. Mais Paul depuis longtemps souffrait de la tête, tantôt plus, tantôt moins ; quelquefois il la sentait bien lourde et bien douloureuse, et, ce soir-là, il y éprouva de telles pesanteurs qu’il fut obligé de la soutenir sur sa main. Cependant elle penchait, penchait toujours, si bien que, peu à peu, elle tomba sur les genoux de M. Toots et y resta comme sans se soucier de jamais se relever.

Ce n’était pas une raison pour être sourd ; mais à son idée, il fallait bien qu’il l’eût été un moment, car ce fut tout au plus s’il entendit M. Feeder lui crier dans l’oreille et le secouer doucement pour attirer son attention. Quand il releva la tête, tout abasourdi, il s’aperçut que le docteur Blimber était dans la chambre, que la fenêtre était ouverte, que son front était tout aspergé d’eau, sans qu’il pût se rendre compte de la façon dont tout cela s’était passé. N’était-ce pas curieux ?

« Ah ! ah ! C’est bien ! c’est bien ! Comment va mon petit ami, maintenant ? dit le docteur Blimber avec bonté.

— Oh ! très-bien ! je vous remercie, monsieur, » répondit Paul.

Mais il lui semblait que le plancher n’était pas dans son assiette ordinaire, car il ne pouvait s’y tenir ferme sur ses jambes ; ni les murs non plus, car ils tournaient, tournaient toujours, et ne s’arrêtaient qu’au moment où il les regardait bien fixement. La tête de M. Toots lui paraissait bien plus grosse et plus éloignée qu’il n’était naturel ; et quand M. Toots le prit dans ses bras pour le porter en haut, Paul remarqua avec