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d’importance à une semblable recommandation. Mais le capitaine semblait être d’une opinion tout à fait différente et se montrait bien résolu à l’accompagner. Comme son amitié était trop pleine de dévouement et de sincérité pour être traitée légèrement par un aussi jeune garçon que Walter, celui-ci se garda bien de hasarder la moindre objection. Donc le capitaine, prenant congé de Solomon Gills en toute hâte, fit rentrer dans sa poche les écus, les cuillers, la pince à sucre, la montre en argent, dans l’intention, comme Walter le pensa avec terreur, de produire une fastueuse impression sur l’esprit de M. Dombey ; puis il se transporta, sans perdre une minute, au bureau de la diligence, répétant au jeune homme tout le long de la route qu’il s’attacherait à ses pas jusqu’à la fin.



CHAPITRE X.

Suite des malheurs du petit aspirant de marine.


Le major Bagstock, après avoir souvent et longuement lorgné Paul, à l’aide de sa jumelle, lorsqu’il traversait la place de la Princesse ; après avoir recueilli pendant des jours, des semaines et des mois, mille détails les plus minutieux sur ce sujet, grâce à son nègre, qui était resté en communication non interrompue avec la bonne de miss Tox, le major conclut que Dombey était un homme, oui, parbleu, monsieur, était un homme à connaître et que J. B. était le gaillard qui ferait sa connaissance.

Miss Tox, cependant, continuait d’être aussi réservée, et refusait d’un ton glacial de comprendre le major quand il se présentait chez elle (ce qu’il faisait souvent) pour jeter ses filets de ce côté, afin d’arriver à son but. Le major, donc, en dépit de son caractère solide et fin, fut forcé de laisser en quelque sorte au hasard l’accomplissement de son désir ; car hasard, depuis la perte de son frère aîné, mort de la fièvre jaune dans les Indes occidentales, s’était toujours montré favorable à José Bagstock, oui, monsieur, toujours, cinquante fois pour une, comme il le disait au club avec force éclats de rire.

Le hasard mit du temps à venir à son aide dans cette cir-