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tirant vivement sa tête de la croisée, comme prévoyant une bourrasque.

Il ne se trompait pas. Une femme veuve, les manches retroussées jusqu’aux épaules, les bras couverts de mousse de savon et encore tout fumants, s’élança tout à coup pour répondre ; mais, avant de regarder Walter, elle regarda d’abord le marteau de la porte ; puis, toisant le jeune homme des pieds à la tête, elle lui dit d’un ton courroucé :

« C’est bien étonnant qu’il en reste encore quelques morceaux, il faut qu’il soit solide.

— Le capitaine est chez lui, je le sais, dit Walter avec un sourire conciliant.

— Ah ! vraiment ? répondit la veuve. Voyez-vous cela !

— Il vient de me parler, dit Walter tout haletant.

— Ah ! il vous a parlé ? répondit la veuve. Eh bien ! vous serez assez bon peut-être pour lui présenter les compliments de Mme Mac-Stinger et lui dire de sa part que la prochaine fois qu’il se respectera assez peu, lui et son logement, pour causer par la croisée, elle lui sera bien obligée de descendre pour ouvrir lui-même la porte. » Mme Mac-Stinger parlait très-haut, écoutant si, du premier étage, on oserait se défendre.

« Je ferai votre commission, madame, dit Walter, si vous voulez bien me permettre d’entrer. »

Car une fortification de morceaux de bois qui s’étendait jusqu’à la porte pour empêcher les petits Mac-Stinger de dégringoler pendant leurs jeux du haut en bas des marches, obstruait le passage.

« Un jeune homme qui peut renverser ma porte, dit Mme Mac-Stinger d’un ton dédaigneux, peut bien, je crois, passer par là-dessus. »

Et comme Walter, prenant cela pour une permission, escaladait la fortification, Mme Mac-Stinger se récria, demandant si la maison d’une dame anglaise n’était pas son château fort ; oui ou non, et si elle devait être envahie par la canaille. Elle continuait encore à déblatérer sur ce sujet de la manière la plus désagréable, quand Walter, s’étant frayé une route à travers un épais brouillard causé par le savonnage et qui couvrait la rampe d’une sueur gluante, entra dans la chambre du capitaine Cuttle, et trouva le cher monsieur en embuscade derrière la porte.

« Je ne lui ai jamais dû un sou, Walter, dit le capitaine à voix basse sans pouvoir dissimuler sa terreur ; j’ai toujours été