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— Maman ? Elle m’a beaucoup aimée ! répondit Florence.

— Non, non, ce n’est pas cela. Moi aussi, Florence, je vous aime beaucoup. Mais qu’a donc fait maman ?… Ah !… je sais… elle est morte. Si vous étiez dans l’Inde… je mourrais, Florence. »

Elle jeta son ouvrage de côté, pencha sa tête sur l’oreiller de son frère et le caressa. « Moi aussi, lui dit-elle, moi aussi, je mourrais, si vous étiez dans l’Inde ; mon petit frère, ne vous tourmentez pas, vous irez mieux bientôt.

— Oh ! reprit Paul, je suis bien mieux déjà ! Ce n’est pas cela que je veux dire. Je veux dire, Florence, que je mourrais de chagrin dans mon abandon ! »

Une autre fois, à la même place, il s’endormit et reposa tranquillement pendant longtemps. Tout à coup il s’éveilla, écouta, tressaillit et s’assit pour mieux écouter.

Florence lui demanda ce qu’il croyait entendre.

« Je voudrais savoir ce qu’elle dit, répondit Paul ; la mer, Florence ; la mer, que répète-t-elle toujours ainsi ?

— Mais c’est tout simplement le bruit des vagues, lui dit Florence.

— Oui, oui ; ce sont les vagues ; mais elles disent toujours quelque chose ; toujours la même chose, répondit Paul. Qu’y a-t-il donc là-bas, là-bas ?… » et il se leva tout debout et regarda ardemment l’horizon.

Florence lui dit que c’était un autre pays qu’il y avait là-bas.

« Non, non, reprit Paul, plus loin, plus loin encore !… Dites, qu’y a-t-il ?… »

Souvent depuis, il s’arrêtait court au milieu de leurs causeries, cherchait à comprendre ce que disaient toujours les vagues, et se soulevait sur son petit lit, pour regarder ce pays invisible, bien loin là-bas.



CHAPITRE IX.

Tourments du petit aspirant de marine.


Le jeune Walter avait reçu de la nature un goût assez prononcé pour tout ce qui est romanesque et merveilleux. Il avait