et d’autres petits livres à son usage, pendant qu’on le traînait sur le bord de la mer. Un jeune garçon frais et vermeil lui avait été proposé pour traîner sa voiture ; mais, suivant son goût bizarre, il n’en avait pas voulu et avait préféré le grand-père, vieux bonhomme sec et maigre, qui ressemblait à un crabe, portait des vêtements de toile cirée, était devenu dur, coriace et nerveux à force d’être confit dans l’eau de mer, et qui sentait le varech comme la plage que la marée vient de quitter.
Il allait ainsi chaque jour sur le bord de l’Océan, traîné par cet estimable serviteur, Florence marchant près de lui et la triste Wickam fermant la marche. Quand il était arrivé sur la plage, il restait assis ou étendu dans sa petite voiture pendant des heures entières, sans pouvoir supporter près de lui d’autre enfant que Florence.
« Allez-vous-en, s’il vous plaît, disait-il à ceux qui s’approchaient pour lui tenir compagnie. Merci, je n’ai pas besoin de vous. »
Si une petite voix lui demandait par hasard à l’oreille comment il se portait :
« Très-bien, je vous remercie, répondait-il, mais vous ferez bien d’aller jouer. Allez, allez, s’il vous plaît. »
Puis voyant l’enfant s’en aller, il tournait la tête du côté de Florence et lui disait : « Nous n’avons pas besoin des autres, nous, n’est-ce pas, Florence ? Embrassez-moi. »
Wickam elle-même l’ennuyait quelquefois, et il était bien aise quand elle s’éloignait un peu pour chercher des coquillages ou des connaissances. Il aimait surtout un endroit solitaire, bien loin des flâneurs ; et, quand Florence, assise à ses côtés, travaillait, lisait tout haut, ou causait avec lui, que le vent soufflait sur son visage et que les vagues montaient jusqu’aux roues de sa petite voiture, il ne désirait rien de plus.
« Florence, dit-il un jour, où donc est l’Inde, où demeurent les parents de ce petit garçon ?
— Oh ! c’est loin, bien loin, dit Florence en levant ses yeux de dessus son ouvrage.
— Il faut des semaines pour y aller ? demanda Paul.
— Oui, mon chéri. Il faut voyager pendant bien des semaines, le jour et la nuit.
— Florence, reprit Paul après un moment de silence, si vous étiez dans l’Inde, je… je… Qu’a fait maman ? dites, je l’ai oublié.