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— De ses articulations ! répéta M. Dombey.

— Ah ! je me trompe ! Il me semble, ma chère Louisa, dit miss Tox, que le docteur avait parlé ce matin de ses jambes, n’est-ce pas ?

— Mais oui, ma bonne amie, reprit Mme Chick d’un ton de doux reproche. Comment pouvez-vous le demander ? Vous l’avez entendu comme moi. Je disais donc que si notre cher Paul devait perdre pour un temps l’usage de ses jambes, c’est un mal qui lui serait commun avec beaucoup d’autres enfants de son âge, et que ni les soins ni les précautions ne sauraient empêcher. Il vaut mieux que vous en soyez informé plus tôt que plus tard, mon cher Paul.

— Vous savez certainement, Louisa, dit M. Dombey, que je ne mets pas en doute votre dévouement, votre intérêt pour cet enfant qui sera un jour à la tête de ma maison. M. Pilkins a vu Paul ce matin, je crois ? dit M. Dombey.

— Oui, il l’a vu ce matin, répondit sa sœur ; miss Tox et moi nous étions présentes, car nous nous faisons un devoir d’assister toujours aux visites du docteur. M. Pilkins l’examine depuis plusieurs jours ; c’est un homme que je crois fort habile. Il dit que cela ne vaut pas la peine d’en parler, et, si cela peut vous rassurer, je vous dirai que je partage son avis ; cependant aujourd’hui il a recommandé l’air de la mer. C’est, j’en suis persuadée, Paul, un bon conseil à suivre.

— L’air de la mer, répéta M. Dombey en regardant sa sœur.

— Il n’y a pas là de quoi se tourmenter, dit Mme Chick. L’air de la mer a été ordonné de même à mon Georges et à mon Frédéric, quand ils avaient son âge. Moi-même, on me l’a ordonné plusieurs fois. Je conviens avec vous, Paul, qu’on parle souvent là-haut, devant lui, de choses sur lesquelles il vaudrait mieux ne pas égarer sa petite intelligence ; mais je ne vois pas comment on pourrait éviter cela avec un enfant aussi avancé. Si c’était un enfant ordinaire, cela ne ferait rien du tout. Je dois vous avouer notre avis à miss Tox et à moi ; une courte absence de la maison, l’air de Brighton et l’éducation physique et morale donnée par une personne aussi judicieuse que Mme Pipchin, par exemple…

— Qu’est-ce que Mme Pipchin, Louisa ? demanda M. Dombey tout effrayé d’entendre prononcer devant lui, d’une manière si familière, un nom qu’il ne connaissait seulement pas.

Mme Pipchin, mon cher Paul, répondit Mme Chick, est