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vait ni cette vigueur, ni cette énergie qui convient à la femme d’un tel homme. »

Miss Tox poussa un profond soupir.

« Mais elle était agréable, reprit Mme Chick, très-agréable, et elle avait des intentions… des intentions excellentes.

— Bon petit ange, dit miss Tox, s’adressant au petit Paul, vrai portrait de votre père ! »

Oh ! quels yeux aurait ouverts le major, s’il avait pu savoir tout ce qu’on fondait d’espérances sur la tête de cet enfant ! tout ce qu’on formait de desseins, de projets ! Comme il fût resté ébahi, s’il avait pu voir tous ces rêves voltiger confus et désordonnés autour du petit bonnet tout froissé de l’enfant, bien insensible à ces émotions ! Au milieu de cette confusion, il aurait pu découvrir sans peine dans l’œil de son ambitieuse voisine quelques pailles, peut-être quelques poutres, qui l’auraient aidé à comprendre la nature du placement incertain que la dame faisait de son affection dans la maison Dombey.

Si l’enfant, en se réveillant dans la nuit, avait vu, groupés dans les plis de ses petits rideaux, les reflets des rêves dont il était l’occasion, il en aurait tremblé, et il eût eu raison ; mais il dormait profondément sans songer ni aux intentions charitables de miss Tox, ni à la surprise du major, ni aux chagrins prématurés de sa sœur, ni aux vues sérieuses de son père. Il dormait et ne se doutait guère qu’il existait dans quelque coin de la terre une maison Dombey et fils.



CHAPITRE VIII.

Paul continue à grandir et à se développer ; son caractère.


Sous les yeux attentifs et vigilants du temps (major bien autrement sévère), les nuits de Paul changèrent peu à peu. Elles ne furent plus aussi obscures ; des rêves de plus en plus distincts les agitèrent ; une foule d’objets et d’impressions vinrent animer son repos. Ce fut ainsi qu’il passa de la première enfance à la seconde, et devint un Dombey jasant, marchant et regardant.

Depuis la disgrâce et le bannissement de Richard, l’admi-