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lère, et elle m’a joué maint mauvais tour ; la femme de mon oncle ne pouvait la supporter ; elle m’a nui même dans la famille de Sophie, dont les sœurs en rient encore, prétendant que ma Sophie en a dans son tiroir une mèche qu’elle est obligée de contenir dans un livre à fermoir, parce qu’elle n’a pas cessé de se hérisser, quoique ladite mèche soit un gage d’amour. 

» — Je vois bien, » répondis-je en riant moi-même, « que toute votre obstination a passé dans vos cheveux ; car, mon cher Traddles, vous êtes bien le meilleur enfant du monde, et, à propos de votre Sophie, que votre expérience me vienne en aide ; quand vous vous engageâtes l’un à l’autre, fîtes-vous une demande en règle à sa famille ?… Y eut-il quelque chose comme… ce que nous allons faire aujourd’hui, par exemple ? 

» — Ah ! » répondit Traddles d’un air pensif, « ce fut une transaction assez pénible. Sophie, voyez-vous, est si utile dans sa famille, qu’aucune des personnes qui la composent ne pouvait endurer la pensée de la voir jamais mariée. On avait décidé qu’elle resterait toute sa vie vieille fille, et ils l’appelaient d’avance de ce nom. Mais, quand je fis ma pre-