Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendant que le navire mit à la voile, était allée prendre congé de ses parents en province. Et c’est ainsi que son absence aggravait ma situation critique. N’étais-je pas en droit de me dire le triste jouet de la destinée.

Le jour de mon importante visite arriva. Comment m’habiller ? autre sujet d’inquiétude. Comment paraître avec tous mes avantages et ne pas compromettre le caractère sérieux que je prétendais me donner aux yeux des demoiselles Spenlow ? Je cherchai un juste-milieu de toilette qui obtint l’approbation de ma tante, et M. Dick, pour nous porter bonheur, nous jeta un de ses souliers quand Traddles et moi nous descendîmes l’escalier.

Quelque bon garçon que fût Traddles, et quelque amitié que j’eusse pour lui, je ne pus m’empêcher de regretter, dans cette occasion délicate, qu’il eût contracté l’habitude de se brosser les cheveux de telle sorte qu’ils semblaient se dresser sur sa tête de surprise ou d’horreur ! Je lui en fis la remarque ; mais il eut beau y passer la main, ils se redressaient toujours :

« — Copperfield, » me dit-il, « vous n’avez pas idée de l’obstination de ma chevelure ; elle fait de moi un véritable porc-épic en co-