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avec elle des réticences qui blessaient, selon elle, toutes les convenances conjugales.

En quittant M. Micawber, je montai au premier étage, j’entrai sans être annoncé dans la chambre d’Agnès, qui écrivait, assise à son petit bureau, près du feu.

Elle leva la tête et m’aperçut. Quel bonheur de causer le changement qui se fit sur ce doux visage, que je venais de surprendre sérieux et préoccupé, mais animé soudain, à ma vue, par un sourire d’émotion et de plaisir !

« — Agnès, » lui dis-je en me plaçant à son côté, « combien je vous ai regrettée, tout récemment.

» — En vérité ! » répliqua-t-elle, « encore et si tôt ? »

Je secouai la tête et j’ajoutai :

« — Je ne sais comment cela se fait, Agnès, il me semble être privé d’une des facultés de l’intelligence que je devrais avoir comme tout le monde. Vous pensiez pour moi si habituellement, dans notre heureuse vie du premier âge ; je venais si naturellement vous demander conseil et appui, que j’ai perdu ainsi, probablement, l’occasion d’acquérir ou d’exercer cette faculté.