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moins, du fatal événement. Mais je suppliais aussi Miss Julia de dire à Dora, si elle était en état de l’entendre, que M. Spenlow, avant de mourir, m’avait parlé avec une bonté parfaite, et n’avait surtout attaché au nom de sa fille aucun reproche… Je l’avoue, je cédais encore à un instinct d’égoïsme, je voulais avant tout que mon nom pût être mis sous les yeux en larmes de Dora ; mais je m’efforçais aussi de croire que j’accomplissais un acte de justice envers la mémoire d’un père… peut-être même le croyais-je réellement.

Le lendemain, ma tante reçut quelques lignes de réponse, qui lui étaient adressées à elle en apparence et à moi indirectement Dora était accablée de sa douleur, et quand son amie lui avait demandé si elle voulait me faire savoir qu’elle éprouvait toujours les mêmes sentiments à mon égard, elle n’avait répondu que ces mots, répétés sans cesse par elle depuis qu’elle se savait orpheline : « Ô mon cher papa ! mon pauvre papa ! » Elle n’avait pas du moins dit non… M. Jorkins, qui était allé à Norwood depuis la mort de son confrère, vint à l’étude trois jours après. Il s’enferma quelques minutes avec Tiffey dans le petit cabinet, et puis Tiffey,