habitants fussent tous réveillés, évitant les rues où quelqu’un aurait pu me reconnaître, surtout celle de M. Wickfield, ce qui, me forçant à un détour, me fit passer devant l’échoppe de mon ancien ennemi le boucher. Il était de ceux qui se levaient matin, car je le vis sur sa porte avec un petit poupon dans ses bras. Mon ancien ennemi, devenu père, semblait être devenu en même temps un membre pacifique de la société.
À neuf heures, nous nous mîmes à table pour déjeuner ; aucun de nous ne cherchait à dissimuler son impatience et son anxiété : aussi, cinq minutes avant la demie, j’avais laissé la seconde tasse de thé que ma tante m’avait versée, pour me mettre à la fenêtre et guetter M. Micawber. Heureusement, la cinquième minute de cette attente n’était pas écoulée que je le vis paraître dans la rue, et il eût été content de l’effet théâtral produit par son approche ; il entra lui-même avec tous les airs mélodramatiques qui faisaient partie de ses habitudes.
Ma tante n’était pas femme à laisser perdre le temps en salutations :
« — Maintenant Monsieur, » dit-elle en mettant ses gants, « nous sommes prêts pour