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qui lui appartient, tout ce qui la touche m’est précieux. M. Larkins est pour moi le plus intéressant des pères (M. Larkins est un gros monsieur bien empesé, avec un double menton et un de ses yeux menacé de la cataracte). Si je ne puis rencontrer sa fille, je vais là où j’espère le rencontrer, lui. Il m’intimide tellement, que je ne puis sans rougir lui demander : « Comment vous portez-vous, M. Larkins ? comment se portent Mesdemoiselles Larkins et toute la famille ? » Je suis très préoccupé de mon âge et je raisonne ainsi sur mes dix-sept ans : je n’ai que dix-sept ans, sans doute, et c’est être bien jeune pour Miss Larkins l’aînée ; mais qu’est-ce que cela fait ! n’aurai-je pas bientôt vingt et un ans ? Régulièrement, je me promène tous les soirs devant la maison de M. Larkins, quoique cela me fende le cœur de voir les officiers y entrer ou de les entendre là haut dans le salon, pendant que Miss Larkins pince de la harpe. Quelquefois minuit me trouve encore arpentant la rue et levant la tête vers les fenêtres. Je me demande quelle est celle de la chambre de Miss Larkins (c’est peut-être, hélas ! à celle du père que montent mes soupirs pour la fille). Je fais des vœux pour qu’un incendie éclate :