Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/78

Cette page a été validée par deux contributeurs.

réellement moi ? Je l’ai laissé si loin sur le chemin de la vie ! Et la petite fille que je vis le premier jour de mon entrée chez M. Wickfield, où est-elle ? bien loin aussi. À sa place, dans la maison va et vient la parfaite ressemblance du portrait… Agnès n’est plus une petite fille… elle est toujours ma sœur chérie, comme je l’appelle dans mes rêveries solitaires, ma conseillère, mon amie, le bon ange de tous ceux qui vivent dans la sphère de sa calme et bienveillante influence, — ne s’occupant que d’eux, jamais d’elle.

Quels sont les autres changements extérieurs qui complètent ma métamorphose, outre ceux de ma taille et le développement de mon intelligence par l’étude ? Je porte une montre d’or, avec une chaîne du même métal ; une bague brille à mon doigt annulaire ; au lieu d’une veste j’ai un frac : je fais une consommation prodigieuse de pommade à la graisse d’ours. La pommade et la bague me dénoncent : suis-je encore amoureux ! Oui. J’adore Miss Larkins l’aînée.

Miss Larkins l’aînée est une grande et belle brune, aux yeux noirs ; Miss Larkins l’aînée a une sœur qui n’est plus elle-même une petite fille, et qui a trois ou quatre ans de moins