malgré sa funeste habitude d’intempérance, se soumettait à la bassesse incarnée dans Uriah Heep. Si j’avais vu un singe commander à un homme, je n’aurais pas été plus choqué.
Il ne paraissait que trop avoir la conscience de cette dégradation, et il fallut, pour qu’il relevât sa tête humiliée, que sa fille le rappelât à lui-même, en lui disant : « Mon père, voici Miss Trotwood et son neveu que vous n’avez pas vus depuis long-temps ! » Il tendit alors la main à ma tante et puis à moi avec un reste de contrainte… Je remarquai dans la physionomie d’Uriah un sourire sinistre qui fut aussi remarqué d’Agnès, car elle recula en tressaillant.
Ce que remarqua ma tante et ce qu’elle ne remarqua pas, j’aurais défié la science physionomique de le deviner, personne n’ayant au même degré qu’elle l’art de mettre sur son visage le masque d’une impassibilité imperturbable. Aussi Uriah lui-même s’y trompa en se croyant autorisé, après les premiers compliments, à placer son mot dans notre causerie familière ; elle ne daigna pas lui répondre ; et quand il voulut lui offrir ses services, au nom de son associé et en son propre nom :
« — Monsieur Uriah Heep, » lui dit-elle