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Or, ce que je savais de M. Jorkins, c’est qu’il avait été originairement le seul maître de l’étude, et qu’à présent il demeurait seul dans une vieille maison près de la place Montagu ; qu’il paraissait à peine un moment chaque jour parmi nous ; qu’on ne semblait jamais le consulter en rien ; enfin que, dans le cabinet sombre où il s’asseyait quelquefois, à l’étage le plus élevé de la maison, son bureau était recouvert d’un coussinet en papier jaune, sans la moindre tache d’encre, et que les clercs prétendaient être là depuis vingt ans.

Ayant toutefois obtenu l’autorisation de soumettre ma proposition à M. Jorkins, j’étonnai bien cet associé de mon patron en me montrant sur le seuil de son cabinet.

« — Entrez, M. Copperfield, » me dit M. Jorkins.

J’entrai, je m’assis, et déduisis le cas à M. Jorkins, à peu près dans les termes dont je m’étais servi pour m’adresser à M. Spenlow. M. Jorkins n’était nullement l’imposante créature dont on faisait peur aux clients ; mais un gros homme ayant la soixantaine, à la physionomie douce, et qui prenait tant de tabac, que la tradition de l’étude disait qu’il vivait presque exclusivement de ce stimulant sternutatoire.