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ques, et le dépouiller à travers la grille, non-seulement du contenu de sa bourse, mais encore de ses vêtements et de son linge. C’était littéralement un vrai mouton pour ceux qui voulaient le tondre.

On racontait comme une légende authentique, et je suis convaincu de son authenticité tant je l’ai entendue raconter souvent sans qu’un seul contradicteur la démentît, — on racontait que par une journée froide d’hiver, le Dr Strong avait donné ses longues guêtres à une mendiante qui occasionna un véritable scandale dans le voisinage de la cathédrale, en promenant de porte en porte un bel enfant emmailloté dans ces guêtres bien connues. La légende ajoute que la seule personne du quartier qui les avait oubliées était le Docteur lui-même : on le vit s’arrêter devant l’étalage d’une boutique de fripier assez mal famée, où les vêtements de toute sorte étaient reçus en échange d’un verre de gin ou d’autre liquide fermenté ; il y examinait avec admiration ses propres guêtres, arrivées là par suite de ce troc funeste, et il se proposait d’en recommander la forme, comme supérieure, à l’artiste qui les avait confectionnées pour lui.

On aimait à contempler le Dr Strong auprès