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cette journée, et principalement à dater de ce moment, Steerforth s’étudia, avec toutes ces séductions qui lui coûtaient si peu, à jeter un charme sur cette singulière créature. Qu’il réussît, cela ne pouvait me surprendre ; qu’elle luttât contre la fascination ne me surprit pas non plus, car je savais qu’elle était quelquefois sous une influence maligne. Mais je vis graduellement changer ses traits et ses manières ; je la vis regarder Steerforth avec admiration sans dissimuler le dernier effort de sa résistance, comme si elle regrettait de se laisser vaincre, jusqu’à ce que, complètement dominée, elle n’eut plus qu’un agréable sourire pour tous, et je cessai d’avoir peur de ce regard qui m’avait tant effrayé jusque-là. Dans le courant de la soirée, nous nous assîmes auprès du feu, causant gaiement tous les quatre ensemble comme d’heureux enfants.

Soit parce que nous avions prolongé cette causerie, soit parce que Steerforth ne voulait pas perdre son avantage, nous ne restâmes pas plus de cinq minutes dans la pièce où elle avait eu lieu, après que Rosa se fut levée pour passer seule au salon.

« — Elle pince de la harpe, » me dit Steer-