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gardait son impassibilité habituelle, annonça :

« — Miss Mowcher ! »

Je tournai la tête et ne vis rien ; je levai les yeux en pensant que la géante faisait bien lentement son apparition. Mais, à ma grande surprise, je découvris enfin, au pied d’un sopha, cette septième merveille du monde, qui n’était qu’une naine d’environ quarante ans, à grosse tête et large visage, avec des yeux rusés, des bras si courts, que, pour poser mystérieusement un doigt sur son nez en adressant à Steerforth un coup d’œil narquois, ce nez camard fut obligé de faire la moitié du chemin. Grâce à son double menton, elle n’avait littéralement pas de cou ; de taille pas davantage, et, si elle avait des jambes, elles étaient si brusquement terminées par ses pieds de créature humaine, qu’elle ne dépassait guère que de la tête une chaise ordinaire.

Après avoir lorgné comiquement Steerforth :

« — Ah ! mauvais sujet, » lui dit-elle avec un véritable flux de paroles, « vous voilà ! que faites-vous si loin de chez vous ? Vous êtes venu sans doute pour quelque méchante action, je le parie ; mais me voici pour vous contrecarrer : nous sommes à deux de jeu. Vous ne m’attendiez pas, n’est-ce pas ? Mais j’ai aussi