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telle que Peggoty, un ami tel que Steerforth.

Quand je revenais de ces excursions solitaires, je profitais volontiers d’un bac qui raccourcissait la distance pour les piétons en me débarquant sur la plage, d’où je pouvais, par un détour de quelques centaines de pas, gagner la demeure de M. Daniel Peggoty. Steerforth m’y attendait presque toujours, et nous faisions route ensemble, de là jusqu’à la ville, à travers le brouillard de la nuit.

Le soir du jour où j’avais pris congé de Blunderstone, car nous devions enfin quitter Yarmouth et ses environs, je fus surpris de trouver mon ami seul, pensivement assis devant le feu de M. Daniel. Il était plongé dans des réflexions si profondes qu’il ne m’entendit pas entrer, et il tressaillit lorsque je lui posai une main sur l’épaule.

» — Vous survenez, » me dit-il avec un mouvement d’humeur, « comme le fantôme du reproche.

» — Il a bien fallu, » répondis-je, « m’annoncer de quelque manière ; vous ai-je fait tomber des astres ?

» — Non, non, » repartit-il.

« — Et d’où donc ? » dis-je en m’asseyant à côté de lui.