beau dans lequel reposaient maintenant mon père et ma mère, ce tombeau qui, autrefois, excitait en moi une compassion si curieuse, alors qu’il ne contenait que son premier occupant… Peggoty en avait toujours entretenu la pierre tumulaire, et, grâce à ses soins pieux, il était entouré d’un vrai parterre de fleurs, cultivé même en hiver. Je lisais et relisais l’épitaphe, rattachant toutes mes espérances d’avenir à ces êtres qui m’avaient aimé, et quand l’horloge de l’église retentissait tout-à-coup dans le silence de ma promenade solitaire, il me semblait entendre une voix sainte qui répondait à la noble ambition de ma reconnaissance filiale, comme si, avec l’écho de la cloche, murmurait la voix de ma mère dans le ciel.
Notre ancienne habitation était bien changée. Le nouveau propriétaire avait fait tailler les grands ormes et dépouillé leurs cimes des nids de grolles vides, tant respectés par mon père. Ce nouveau propriétaire était un pauvre maniaque qui demeurait seul dans la maison avec les gardiens chargés de le surveiller ; voilà pourquoi le jardin était envahi par les ronces. Cet infortuné se tenait continuellement assis à la fenêtre de ma chambre d’où il regardait le cimetière. En l’apercevant là, je me de-