Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mère, et j’avoue que cette remarque ne me le fit pas aimer davantage : ma mère aussi paraissait très enchantée de lui ; j’appris, en les écoutant, qu’ils attendaient dans la soirée une sœur aînée de M. Murdstone, qui venait pour vivre avec eux. Je ne sais si c’est alors ou plus tard que j’appris encore que le frère et la sœur avaient des intérêts dans un établissement de marchand de vins à Londres. Peu importe si c’est ici que j’en fais mention.

Après le dîner, pendant qu’assis près du feu je méditais de m’échapper pour aller rejoindre Peggoty, sans oser le faire cependant de peur d’offenser le maître de la maison, M. Murdstone entendit le bruit d’une voiture qui s’arrêtait à la grille, et se leva pour aller au devant de la personne qui arrivait. Ma mère le suivit. Je la suivais timidement moi-même, lorsqu’elle se retourna tout-à-coup dans la pénombre de la porte du salon, et, m’étreignant de ses bras, me baisa avec tout son amour maternel, pour me dire tout bas d’aimer mon nouveau père et d’être obéissant. Elle fit tout cela à la hâte et en cachette, comme si elle avait tort, mais tendrement ; puis, me tendant sa main par derrière, elle tint la mienne serrée jusqu’à l’endroit du jardin où M. Murds-