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j’ai affaire à un chien ou à un cheval entêté, que pensez-vous que je fasse ?

» — Je ne sais pas.

» — Je le bats. »

J’avais répondu à demi-voix, avec une véritable oppression de poitrine ; je me sentis plus oppressé encore dans mon silence. M. Murdstone continua :

« — Il a beau regimber et se cabrer, je me dis à moi-même : « Je le dompterai, » et devrait-il perdre tout son sang, voyez-vous, sous l’éperon et sous le fouet, j’en viendrais à bout. Vous avez pleuré, je crois ? convenez-en. »

En ce moment, il m’aurait fait vingt fois la question, et vingt fois en me battant, je crois que mon cœur d’enfant se fût brisé avant que je voulusse en convenir.

« — Vous avez de l’intelligence pour un petit garçon, dit-il avec le grave sourire qui lui était propre, et je vois que vous m’avez compris. Lavez-vous les yeux et descendez avec moi. »

Il me montra du doigt le lavabo que j’avais comparé à Mrs Gummidge et me fit signe de lui obéir. Je ne doutais guère qu’à son tour il ne m’eût assommé sans remords si j’avais résisté.