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haletante, écoutez-moi : vous avez un papa ! »

Je tremblai et pâlis… Je ne sais comment, il me sembla recevoir une commotion qui partait du cimetière et venait me frapper au cœur.

« — Un nouveau papa, poursuivit Peggoty.

» — Un nouveau ? répétai-je. »

Peggoty respira avec peine comme si quelque chose l’étranglait, et, me prenant par la main : « — Venez le voir, dit-elle.

» — Je ne veux pas le voir.

» — Et votre maman ? dit Peggoty. »

Je cessai de résister, et nous allâmes au grand salon où elle me laissa. À l’un des coins de la cheminée était assise ma mère ; à l’autre, M. Murdstone. Ma mère brodait ; elle laissa tomber son ouvrage, se leva en tressaillant, avec une sorte d’empressement timide.

« — Maintenant, Clara, ma chère amie, dit M. Murdstone, souvenez-vous qu’il vous faut contenir. Contenez-vous !… Davy, mon garçon, comment cela va-t-il ? »

Je lui donnai la main. Après un moment d’hésitation, j’allai embrasser ma mère ; elle me baisa au front, me caressa tendrement, s’assit et reprit son ouvrage. Je ne pouvais la regarder, et je ne pouvais le regarder, lui,