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vapeur, illumina tout-à-coup l’horizon et nous montra les navires semblables à des ombres plutôt qu’à de vrais navires.

Enfin, arriva le jour où nous devions retourner à Blunderstone. Je supportai assez bien les adieux de M. Peggoty, de Cham et de Mrs Gummidge, mais je ne pus me séparer d’Émilie sans une angoisse cruelle. Nous allâmes bras dessus bras dessous jusqu’à l’auberge d’où partait le messager, et je promis de lui écrire (promesse que je tins plus tard par une épître en caractères plus gros que ceux dont se compose l’affiche manuscrite d’une maison à louer). Il fallut se quitter… Ah ! si jamais j’ai senti un vide dans mon cœur, ce fut ce jour-là.

Or, pendant tout le temps qu’avait duré ma visite à la famille de ma bonne Peggoty, j’avais été assez ingrat pour penser rarement à la maison ; mais je n’eus pas plutôt tourné le dos à Yarmouth, que ma jeune conscience sembla me montrer la route du doigt. Plus la peine qui venait de m’accabler avait été sincère, plus je sentis que j’allais revoir mon nid et qu’une douce consolation m’attendait sous l’aile maternelle.

À mesure que nous approchions, ces der-