Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 1.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la dolente veuve, et s’en affectait extrêmement. Je l’entendis, quelques instants après, qui, se retournant dans son hamac, répétait à Cham : « — Pauvre femme ! elle a pensé à l’ancien ! » Deux ou trois fois cette scène se renouvela pendant mon séjour chez lui, et toujours M. Daniel Peggoty excusa de même la veuve de son associé avec la plus tendre compassion.

Ainsi s’écoula notre quinzaine, qui n’était variée que par les variations de la marée, sur lesquelles se réglaient l’heure de l’allée et du retour pour notre hôte et pour Cham ; mais celui-ci n’accompagnait pas son oncle constamment, et les jours où il restait à terre, il venait volontiers avec nous pour nous montrer les navires et les barques. Une fois ou deux il nous fit faire une promenade en mer. Comme parmi ces premières impressions il est tel lieu ou tel incident qui reste plus vivement gravé que tous les autres dans la mémoire, je ne puis entendre ou voir le nom de Yarmouth sans me souvenir d’un certain dimanche matin que nous passâmes sur la place, où, pendant que retentissaient les cloches d’église, Émilie avait appuyé sa tête sur mon épaule, Cham s’amusant à jeter des galets dans la mer. Le soleil, jusque-là caché derrière un voile de